Par
Benjamin Long
, le
20/8/2025
En quelques années, les directions financières ont vu leur rôle se transformer radicalement. Autrefois gardiennes des chiffres du passé, elles sont désormais aux premières loges pour guider les organisations dans leurs décisions futures, souvent dans un environnement mouvant, imprévisible et connecté. Pourtant, une question demeure : les outils actuellement utilisés – Excel, ERP maison ou mashup de VBA et Google Sheet – suffisent-ils encore à supporter cette mutation ? À mesure que les données s’accumulent, que la collaboration s’accélère et que les décisions doivent être prises quasi en instantané, un besoin structurel s’impose : celui d’un Enterprise Performance Management (EPM), ou outil de pilotage de la performance.
Mais qu’est-ce qu’un EPM exactement ? Que peut-il apporter à une direction financière moderne ? Et à partir de quand est-ce qu’il devient indispensable d’aller au-delà d’Excel ou d’un ERP traditionnel ? C’est tout l’objet de cet article.
L’Enterprise Performance Management – ou EPM – désigne une catégorie de solutions logicielles dédiée au pilotage de la performance d’une entreprise. Il ne s’agit pas seulement d’un outil de reporting, ni même d’un logiciel budgétaire isolé, mais d'une plateforme unifiée, capable de prendre en charge l’ensemble du cycle de planification financière d’une organisation : de la budgétisation initiale aux scénarios, des prévisions de masse salariale aux consolidations multi-sociétés, jusqu’au suivi des écarts par rapport au réalisé.
Un EPM permet de structurer et d’exécuter des processus qui, dans une grande partie des organisations, sont encore opérés manuellement dans des tableurs Excel géants – au détriment de la fiabilité, du contrôle et de la vitesse d’exécution.
Mais il est tout aussi important de dire ce que n’est pas un EPM.
Ce n’est pas un ERP (type SAP, Oracle, Cegid). Un ERP sert avant tout à gérer les opérations et transactions financières – comptabilité, stock, factures, etc. L’ERP enregistre le passé. L’EPM, lui, anticipe l’avenir.
Ce n’est pas non plus un outil de BI (type Power BI, Tableau ou Looker). Les solutions de Business Intelligence excellent dans la visualisation et l’analyse descriptive, mais elles ne modélisent pas le futur de manière prédictive ou stratégique. Elles ne demandent pas « et si ? », ni n’orchestrent les processus budgétaires et collaboratifs.
Enfin, un EPM n’est pas un “Excel en mieux”. Sa performance ne repose pas sur un ensemble de fichiers isolés, mais sur une base de données structurée et pilotable, où tous les éléments sont reliés, versionnés, audités, et surtout adaptés à la collaboration inter-métiers.
On peut l’utiliser pour :
Bref : un EPM structure la décision, là où Excel la fragmente.
Toutes les entreprises ne sont pas au même stade, mais une constante se vérifie : plus la structure grandit, plus la planification devient critique, et plus les limites d’Excel ou d’un ERP rigide se font sentir.
Le temps où l’on construisait un budget “en une fois” pour 12 mois est révolu. Les directions financières doivent désormais jongler avec :
Un EPM permet de réviser les hypothèses sans repartir de zéro, tout en offrant une vision instantanée des écarts entre réel, budget, et forecast.
Un modèle EPM bien conçu permet de répondre à ce type de question en quelques clics :
“Si nous appliquons +5% sur les prix dans la zone EMEA, quel est l’impact sur le cash flow à 2 ans, selon 3 hypothèses de volume ?”
Les directions financières collaborent désormais avec les opérations, les RH, le marketing ou la supply chain. Dans ce contexte, demander à chaque métier de “remplir son Excel” est devenu un frein et un risque.
Un EPM, au contraire :
Dans une organisation moderne, c’est un levier de cohésion et de synchronisation.
Excel a joué un rôle extraordinaire dans la démocratisation du calcul complexe. Mais demander à un tableur de faire office d’application EPM, c’est comme demander à PowerPoint de servir de CMS : ça marche au début, et ça finit par tout coûter plus cher.
Les problèmes récurrents :
Si la question se pose dans ton entreprise, voici un bon test :
Est-ce que “refaire le budget” consiste à reconstruire le modèle Excel en entier, ou à appuyer sur “dupliquer la version” dans un outil et changer les hypothèses ?
Excel brille dans ce qu’il sait faire : créer une feuille blanche, manipuler des données à la main, tester des idées.
Mais dès qu’il devient l’outil principal de toute une organisation pour structurer les hypothèses et les versions, on entre dans une logique difficile à industrialiser.
La multiplication des fichiers, les macros de plus en plus fragiles, les onglets cachés, ou les liaisons externes cassées sont autant de signaux : Excel a atteint sa limite fonctionnelle.
Un ERP est excellent pour gérer la donnée réelle et historisée : les factures, les écritures comptables, les stocks…
Mais il n’a ni la souplesse, ni l’agilité nécessaires pour exécuter des scénarios, simuler des décisions ou gérer des modèles alternatifs.
Certains ERP offrent des modules de planning, mais ils sont souvent rigides, coûteux à personnaliser, et conçus comme une extension technique, non métier.
Résultat : dans 90 % des cas, les organisations finissent par recréer une chaîne parallèle de modèles Excel issus de l’ERP. On revient au point de départ.
La nouvelle génération d’EPM (Pigment, Anaplan, Workday Adaptive...) repose sur une approche radicalement différente : combiner la flexibilité d’Excel, la rigueur de l’ERP, et la puissance du cloud collaboratif.
L’EPM moderne ne remplace pas Excel, l’ERP ou le BI : il orchestrer la planification là où les autres outils échouent.
Pigment est un des acteurs récents du marché des EPM, mais déjà utilisé par des entreprises comme Klarna, Webhelp, Deliveroo, ManoMano, Warner ou PVH.
Ce qui caractérise Pigment, c’est :
Avec Pigment, le contrôleur de gestion ne travaille plus "dans un fichier", mais dans un espace partagé, versionné, piloté.
Les directions financières sont aujourd’hui confrontées à un paradigme clair :
Soit continuer à compenser les limites d’Excel ou de l'ERP à coups de bricolages et de consolidation manuelle,
soit faire basculer leur logique de planification dans un environnement conçu pour être sûr, rapide, collaboratif, traçable, et extensible.
L’EPM devient alors non pas un luxe, mais un élément d’infrastructure de la fonction finance. C’est un passage nécessaire pour passer de la “finance en réaction” à la finance en anticipation et en simulation.
Vous vous demandez si votre organisation est prête à franchir le cap de l’EPM ?
Découvrez maintenant l’article « Excel vs EPM : 7 cas concrets et leurs impacts dans la performance », où nous illustrons ces usages, leurs limites et les gains mesurés lorsqu’on passe à un EPM.